Paternalisme colonial
Après la Seconde Guerre mondiale, alors que la France est encore une puissance coloniale, l’équipe nationale peaufine ses préparations aux grands matchs internationaux contre des sélections de province et met à l’essai des espoirs dans une équipe « B ». Le Maghreb, considéré comme un bon vivier par la Fédération française, offre généralement des oppositions intéressantes, qu’il s’agisse de la sélection nord-africaine ou des sélections algériennes, marocaines ou tunisiennes.
Cette caricature de Daniel Laborne, teintée d’un paternalisme de saison, est parue dans France football en octobre 1950 à l’occasion d’un match France B – sélection tunisienne à Tunis. Elle exprime toutes les ambiguïtés de la situation coloniale liée au football. Sur fond de mosquée, un représentant de la Fédération Française doit faire face à un « casse-tête » entre un joueur à peau blanche qui prétend jouer en équipe « B », et un joueur « de type indigène » qui prétend jouer en équipe « Bey », c’est-à-dire celle du gouverneur indigène sous la tutelle française. A l’oreille, ces deux joueurs à l’allure quelque peu benoîte, semblent devoir porter le même maillot. Comment est-ce possible dans une société coloniale si cloisonnée. Et pourtant, si leur performance est la hauteur, tout est possible, ils pourront se côtoyer en sélection, seul creuset possible du football sous la IVe République.
Yvan Gastaut
Université de Nice