La grande aventure du football alg?rien
Hedi Hamel, La grande aventure du football algérien, Alger, GAM-ENAL, 1984
Les ouvrages sur le football algérien sont rares. Celui du journaliste algérien Hedi Hamel, sans être un ouvrage à vocation historique, apporte un éclairage intéressant sur l’évolution de l’équipe algérienne entre la fin des années soixante-dix et le milieu des années quatre-vingt. Publié en 1984, la présentation de cette séquence chronologique se présente comme la chronique d’une histoire à succès, sur le ton de l’épopée, à la gloire de l’équipe nationale et de la Fédération Algérienne de football à la tête de laquelle se trouvent alors le président Domahr Issaad et le secrétaire exécutif Abdelmajid Rezkane.
En vingt-quatre chapitres, l’auteur s’attache à raconter dans le détail l’itinéraire singulier qui fait passer l’équipe nationale algérienne d’un marasme généralisé à la victoire éclatante contre la RFA lors de la Coupe du Monde 1982 et à sa domination sur le football africain. Du rôle incertain des entraîneurs russes comme Rogov, aux matches de qualification dans des ambiances « surréalistes » d’Afrique noire, le succès se construit sur des chemins de traverse. Au diapason de l’opinion algérienne, l’auteur est empreint d’une émotion qui le coupe inévitablement d’une partie de la vérité. Modestement, l’auteur, par ailleurs diplômé de l’Institut français de presse à Paris, s’en excuse dans la préface : « Qu’on veuille bien me pardonner certaines analyses à chaud qui sont quelquefois les inévitables réflexes du journaliste ». Ce récit ou comme le présente l’auteur, « le voyage d’un journaliste à côté d’un football qui a donné des sensations passionnelles » a valeur de témoignage : il n’en resta pas moins précieux pour l’historien soucieux de comprendre l’impact durable du football sur la société algérienne. Ce qui ressort en effet de l’ouvrage, c’est la ferveur populaire qui s’empare du peuple algérien autour de son football. Quelques bons résultats enchaînés et tout un peuple, assoiffé de reconnaissance internationale, se prend de passion pour son équipe.
Le point de départ de cette histoire « officielle » déroulée sur un mode linéaire est fixé le 9 décembre 1979 à Casablanca lorsque les « Fennecs » emmenés par leur capitaine Ali Fergani, l’emportent par 5 buts à 1 sur l’équipe nationale du Maroc devant 90.000 spectateurs médusés dans le cadre d’un match aller de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations. Elle s’achève pour l’auteur mille sept cent jours plus tard sans véritable conclusion dans la mesure où il faudra attendre deux ans plus tard et la Coupe du Monde 1986 pour voir la fin véritable de cette période faste pour le football algérien. En effet, avec la seconde participation à une phase finale de Coupe du Monde les « fennecs », incarnés par quelques figures reconnues du peuple algérien parmi lesquelles, Belloumi, Guendouz, Assad ou ses « immigrés » comme Kourichi sont désormais mieux reconnus sur le plan international, mais font preuve encore de fragilité. Par la suite, le football algérien, comme le pays sombre à nouveau dans une période noire dont il n’est pas encore sorti aujourd’hui. Cette histoire, moins glorieuse, mais sans doute tout aussi intéressante, reste encore à écrire.
Yvan Gastaut
Université de Nice