50 ans d'Euro
50 ans d’Euro. Une histoire française, éditions l’?quipe, 2008, 159 p.
Comme il en a désormais l’habitude, le quotidien sportif célèbre les grands événements sportifs par la publication d’ouvrages fortement documentés et richement illustrés. À l’occasion du cinquantenaire de la création du championnat d’Europe des nations de football, les journalistes de l’?quipe retracent l’histoire de cette « sorte de Coupe du monde bis, tout juste privée du Brésil et de l’Argentine parmi les géants ».
Comme le rappelle Jacques Ferran, la naissance s’est faites « au forceps » : il a fallu notamment vaincre la méfiance de la FIFA et la franche hostilité des grands clubs d’Europe occidentale. Le déroulement de la première édition en 1960 révèle la modestie des débuts. Seuls 17 pays sont engagés. Manquent à l’appel les grandes nations du football européen : l’Allemagne de l’Ouest, l’Angleterre ou encore l’Italie. La phase finale en France ne réunit que quatre pays et la finale opposant l’URSS à la Yougoslavie ne rassemble qu’un peu moins de 18000 spectateurs. Ce que progressivement que la compétition continentale s’impose comme un événement incontournable. En1984, elle prend l’appellation d’Euro qui sonne comme une consécration. Il n’est pas anodin que ce tournant s’opère à nouveau en France.
L’Euro est en effet pour les journalistes de l’?quipe « une histoire française ». Il est vrai que comme la plupart des grandes compétitions internationales de football, l’idée à germer dans l’esprit du Français Henri Delaunay. Déjà à l’origine de la Coupe de France et de la Coupe du monde avec Jules Rimet, l’inamovible secrétaire général de la FFF s’est fait l’ardent promoteur du championnat d’Europe des nations. Mort en 1955, il n’a pas connu la concrétisation de son projet. C’est son fils Pierre qui lui succédant qui y parvient en 1958. Le trophée remis depuis au vainqueur ce la compétition porte en hommage au fondateur le nom d’Henri Delaunay. La France imprime par ailleurs sa marque à la compétition en organisant deux fois la compétition (1960 et 1984) et en la remportant le même nombre de fois (1984 et 2000). L’Allemagne de l’Ouest aussi (3 fois en comptant la victoire de l’Allemagne réunifiée en 1996).
Cette « histoire française » relève aussi, et peut-être surtout, d’un parti pris éditorial qui consistent à faire du parcours des Bleus le fil directeur de l’évocation de chacune des 12 phases finales. Le témoignage des acteurs est notamment sollicité Le choix ne nuit cependant pas à l’ensemble. Les journalistes fort de leur expérience « sur le terrain » se font en effet les chroniqueurs précis du déroulement sportif des compétitions. Plus encore, ils en soulignent les enjeux souvent politiques. Didier Braun, par exemple, rappelle opportunément que l’édition de 1964 suscite dans l’Espagne franquiste une forte mobilisation nationaliste. Plus généralement, il est souligné l’engagement des pays de l’Europe communiste qui font, derrière l’URSS, du Championnat d’Europe des nations un terrain d’affirmation de leur domination continentale.
De fait, ce bel ouvrage mérite de figurer dans toutes les bibliothèques, non seulement des passionnés de ballon rond, mais aussi de tous ceux qui font de l’Europe un horizon ouvert et partagé.
S. M.