Carton jaune
HORNBY Nick, Carton Jaune, Paris, Plon, 1998, 236 p. traduit de l’anglais.
Ce roman est devenu un best-seller en Grande-Bretagne lors de sa sortie en 1992. Les supporters de l’équipe londonienne d’Arsenal se sont précipités pour l’acheter, puis les amateurs de football en général, puis enfin le grand public. Nick Hornby, né en 1957, signe là un premier roman dont le succès fut tel qu’il a été traduit dans plusieurs langues et qu’une adaptation cinématographique a été réalisée en 1997.
L’auteur livre en quelque sorte les Lettres persanes du football, s’attachant comme Montesquieu à un univers exotique, opaque pour celui qui n’en connaît pas les règles. Bien décidé à éclairer le profane sur les rituels du football, Carton jaune est un roman sur l’obsession. Dans la préface, l’auteur le précise : « Carton jaune est né du besoin impérieux de comprendre mon obsession du football. (…) Ce livre traite plus de mon rapport avec le football que du football lui-même ».
La vie de Nick Hornby semble commencer avec sa passion pour le club d’Arsenal et son maillot blanc et rouge dont il rêve la nuit depuis ce fameux jour de mai 1968 où son père l’avait emmené voir un banal Arsenal-Stoke city. A partir de cet instant, le football prend une place centrale dans sa vie et le stade de Highbury son lieu de prédilection, au milieu des supporters. D’autant que son club préféré se situe toujours parmi les meilleurs en Angleterre et en Europe.
Aucun remède ne pourra guérir notre héros de son obsession qu’il analyse rétrospectivement comme une forme d’apprentissage de la vie. Il avoue avoir tout appris grâce au football : une nouvelle langue, le parler « prolétaire » des supporters d’Arsenal, la géographie, grâce aux déplacements de son équipe dans toute l’Angleterre, l’amour à travers les relations de séduction qu’il entretient dans les tribunes. Chaque événement personnel de quelque importance éveille chez lui un écho dans l’univers du football. Sa consommation immodérée de matchs l'entraîne parfois à mettre son intelligence en berne : intoxiqué de penalties, de coups francs, il attend les buts de ses favoris comme une drogue.
Le récit de Nick Hornby est une radioscopie lucide et amusante de la passion du football, avec son cortège d'exubérances, de mauvaise foi et de folies meurtrières.
Yvan Gastaut
Université de Nice