Football et soci?t?s europ?ennes
Yvan Gastaut, Stéphane Mourlane (dir.), Le Football dans nos sociétés. Une culture populaire, 1914-1998, Paris, Autrement, 2006, 262 p.
Cet ouvrage est composé d’articles des meilleurs historiens européens spécialisés dans l'histoire du football.
Le football est ici appréhendé, avec chaleur bien sûr car les auteurs aiment l’« objet » qu’ils analysent, comme étant un élément de construction identitaire – une identité sociale, mais aussi politique et culturelle.
La première partie est ainsi consacrée aux identités locales : à travers les exemples du Nord, de la Corse ou de l’Angleterre, chacun des auteurs montre comment l’existence et l’émergence de clubs de football à l’image forte, avec des supporters qui s’y identifient, vient tantôt proposer une revanche face à une situation de crise économique ou identitaire (l’engouement du Nord minier pour le football repose sur un chapelet de clubs dont l’implantation suit à la trace la carte du pays minier, les clubs sont restés alors que les mines ont fermées une à une…), tantôt se faire le reflet de mouvements plus vastes (on peut ici penser au football corse, parfait miroir des relations de l’île avec le continent).
La deuxième partie s’attache à illustrer le rapport entre football et identités politiques : sport populaire depuis son origine, le football a ainsi très tôt fait l’objet de patronage politique. L’Italie, par exemple, a vu se développer dès les années 1930 des associations de football dépendant des partis politiques (des communistes aux catholiques) - ciment qui rend si particulière, si passionnée et largement partagée la « culture politique du football » propre à l’Italie.
La troisième partie évoque le football comme miroir des confrontations identitaires, notamment à travers l’exemple de la Seconde Guerre mondiale. Pendant cette période, pris sur le continent dans l’étau de l’Etat et de l’idéologie, le football laisse apparaître, en creux, les intentions politico-sportives des régimes autoritaires ou totalitaires. Devenant, hors du Royaume-Uni, une arme potentielle pour légitimer, sur le plan sportif, le nouvel ordre européen promu par l’Allemagne nationale-socialiste, le ballon rond put, par ailleurs, constituer un terrain de rencontre, voire de résistance face à l’occupant, avant que le retour au football de paix ne vienne attester de la fin des angoisses suscitées par la guerre.
Enfin la quatrième partie est dédiée aux représentations culturelles : quelles images et quelles représentations ont pu véhiculer le football, les footballeurs et leurs supporters dans les sociétés européennes au XXe siècle ?
Note de l’éditeur