Pel? fait son cin?ma
Nous sommes en mai 1977, la dernière année que Pelé effectuera en tant que footballeur. Il arrêtera sa carrière de joueur professionnel en octobre 1977 à la fin de son contrat avec le Cosmos New York.
Quelques mois auparavant, en France, a lieu le XXXe Festival International du Film de Cannes. Cette année-là, la Croisette va être mise en ébullition par la venue d’un acteur improbable « Edson Arantes do Nascimento ». Ce dernier est plus connu sous le nom de Pelé et considéré, encore aujourd’hui, comme le plus grand footballeur de tous les temps. En effet, François Reichenbach lui consacre un film « Pelé », un portrait de l’athlète qui ne se contentera de présenter les prouesses footballistiques de l’athlète (pourtant Reichenbach a matière à travailler : 3 Coupes du Monde remportées, 92 sélections en équipe nationale, 1281 buts marqués en 1363 matchs (record mondial)) mais aussi un portrait de l’homme mettant en avant ses multiples qualités comme sa gentillesse hors du commun ou encore sa disponibilité sans failles. Nice matin du 20 mai 1977 : « même pas Brigitte Bardot n’avait déplacé une telle foule et suscité un tel engouement ».
Pelé, Cannes : deux univers qui ne peuvent que fusionner. Cannes, l’univers du rêve, du glamour mis en avant chaque année par des défilés de robes de créateur, des crépitements de flashs, des attroupements de festivaliers avides d'autographes. La venue de Pelé a lieu à l’occasion d’un évènement attendu et périodique le Festival de Cannes. Elle ne peut être qu’un évènement, star mondiale incontestée du football. Chaque année les Festivaliers attendent « l’évènement » qui se démarquera. L’impact de l’évènement est amplifié par le contexte particulier : des festivaliers en attente de l’évènement, un Pelé en pleine gloire qui va mettre un terme à sa carrière et venant pour la première fois sur la Côte d’Azur, un festival tourmenté. Une bombe fut découverte dans la salle de projection, le 24 mai une grève paralysa le Festival. Tout le monde migra sur la plage. L’année fut si catastrophique en terme d’organisation, le flou le plus total, avec pas moins de 6 sections parallèles, que ça allait coûter la place de Maurice Bessy. Au total il y a 2 fois plus de films dans ces sections que dans la sélection officielle, une absurdité.
La venue de Pelé est un véritable parcours du combattant, il arrive le 17 mai 1977 à Nice pour quitter la Côte le 19. Pendant ces quelques heures, il est suivi par des milliers de personnes de l’aéroport jusqu’au siège de Nice Matin pour répondre à de multiples interviews. Il présente son film le lendemain sur la Croisette et assiste à la projection. A la sortie du Palais, direction le stade des Hespérides pour donner le coup d’envoi d’un match de football opposant les artistes aux journalistes, équipes renforcés par quelques professionnels de l’époque dont Just Fontaine.
Pelé à Cannes, un réel évènement : il a déplacé des centaines voire des milliers de personnes par sa simple présence. A tout ceci s’ajoute le fait que les médias ne parlent que de « Pelé sur la Côte » et non de « Pelé » le film, la rédaction des différents papiers relatant de l’évènement nous propose un discours de fan. On dépasse le cadre de la présentation du film, amplifié par le fait qu’il ne soit rien passé réellement avant la venue du Roi, les attentes des Festivaliers étaient fortes.
En 2006, les festivaliers aguerris se souviennent encore de la venue du Roi en 1977 qui a laissé une empreinte dans la grande histoire du Festival de Cannes. Cannes se souvient encore aujourd’hui, des impressionnants rassemblements de fans et festivaliers pour la première venue du prodige brésilien sur la Côte d’Azur. Les plus passionnés ont eu l’occasion d’être nostalgiques lors de la venue du Roi à Cannes, en 2005, pour la présentation du film « Pele eterno » sur le grand écran du cinéma de la plage.
Nicolas HARARI
Université de Nice